Politics
La Corée du Sud au Bord du Gouffre : Un Coup d’État Déjoué par la Force du Peuple
Face à la déclaration de la loi martiale, le peuple sud-coréen, soutenu par une partie de l’armée, a massivement résisté, défendant le Parlement et obligeant Yon à retirer sa décision.
Source ,Georges Kuzmanovic pour Fréquence Populaire Média
La Corée du Sud a frôlé le chaos politique cette semaine, suite à une tentative de coup d’état orchestrée par le président Yoon. Confronté à une opposition farouche et à une population déterminée à défendre sa démocratie, Yoon a été contraint de reculer face à la pression populaire et parlementaire. Cet épisode tumultueux met en lumière les fragilités du système politique sud-coréen et la résilience d’une société civile mobilisée.
Un Président Acculé Déclare la Loi Martiale
Le président Yoon, élu en 2022, se trouvait dans une position précaire avant même de déclarer la loi martiale le 3 décembre. Ayant perdu les élections législatives, il était confronté à une opposition majoritaire au Parlement, qui bloquait notamment l’adoption de son budget controversé. Ce budget prévoyait une augmentation significative des dépenses de la défense et de la police, jugée inacceptable par l’opposition.
De plus, Yoon faisait face à une impopularité grandissante due à des accusations de corruption et de népotisme visant son épouse et des membres de son administration. Des manifestations réclamant sa démission avaient lieu chaque semaine dans les rues de Séoul. C’est dans ce contexte explosif que Yoon a choisi de recourir à la loi martiale, arguant de « menaces nord-coréennes » et de la présence d' »éléments anti-étatiques ». Son discours, teinté de paranoïa et d’autoritarisme, accusait le Parlement d’être une « marque de cancre » et l’opposition d’être pro-Corée du Nord.
L’objectif de Yoon était clair : museler l’opposition, imposer son budget et consolider son pouvoir. La loi martiale a permis le déploiement massif de l’armée dans la capitale : chars, soldats, hélicoptères ont envahi les rues de Séoul. Le Parlement a été encerclé et les médias placés sous le contrôle de l’armée. La Corée du Sud se réveillait sous un régime quasi-dictatorial.
La mobilisation citoyenne et le courage des députés et des journalistes ont été déterminants pour préserver la démocratie en Corée du Sud.
La Résistance du Peuple et des Députés
La réponse du peuple sud-coréen a été immédiate et sans équivoque. Des citoyens de tous horizons ont afflué vers le Parlement pour le défendre, formant un bouclier humain face aux forces spéciales. Des images impressionnantes montrent des citoyens escaladant les murs du Parlement, entrant par les conduits d’aération, repoussant les soldats avec leurs corps et leurs mots. Des rassemblements nocturnes à la bougie, rappelant les heures sombres de la dictature de Park Chung-hee (1961-1979), ont illuminé les rues de Séoul.
Les députés, quant à eux, ont fait preuve d’un courage et d’une détermination exemplaires. Rejoignant le Parlement par tous les moyens, ils ont réussi à tenir une session extraordinaire malgré le siège de l’armée. Les images des députés escaladant les murs et se faufilant par les fenêtres sont devenues virales, symboles de la résistance de la démocratie face à la force brute.
Le Parlement a finalement voté la nullité de la loi martiale, infligeant un camouflet cinglant au président Yoon. Cette victoire a été rendue possible par la mobilisation populaire, qui a empêché l’armée de prendre le contrôle total du Parlement et a fait pression sur les députés pour qu’ils tiennent bon. Les médias, malgré le contrôle de l’armée, ont joué un rôle crucial en informant la population et en dénonçant la tentative de coup d’état. Un journaliste a notamment été filmé en train de braquer son micro sur un soldat armé, illustrant le courage de la presse face à l’intimidation.
Une Démocratie Fragilisée, un Avenir Incertain
La tentative de coup d’état, bien qu’avortée, a laissé des traces profondes dans la société sud-coréenne. Elle a mis en lumière les tensions politiques qui traversent le pays, entre une droite autoritaire, nostalgique de l’ère dictatoriale, et une opposition démocrate, attachée aux libertés individuelles et à l’état de droit. La question de la réunification avec la Corée du Nord, qui divise profondément la classe politique, a également été instrumentalisée par Yoon pour discréditer l’opposition.
Sur le plan économique, la tentative de coup d’état a eu un impact négatif immédiat, avec une chute brutale du Won et des actions sud-coréennes sur les marchés financiers. Un important syndicat a lancé une grève générale illimitée pour protester contre la politique du gouvernement et exiger la démission de Yoon.
Le président Yoon risque désormais une procédure de destitution, mais son issue reste incertaine. Il conserve le soutien d’une partie du Parlement, notamment de son propre parti, et la mobilisation populaire pourrait ne pas suffire à le faire tomber. La Corée du Sud entre dans une période d’instabilité politique, avec un risque de paralysie institutionnelle et de nouvelles tensions sociales.
Cet épisode dramatique rappelle l’importance de la vigilance citoyenne et de la mobilisation pour la défense de la démocratie. La Corée du Sud, malgré ses fragilités, a montré la force de sa société civile et sa détermination à résister à l’autoritarisme. L’avenir du pays dépendra de sa capacité à surmonter ses divisions et à construire un avenir plus juste et démocratique pour tous ses citoyens.